vendredi, avril 15, 2011

Histoire d'un commerce Equitable

Belleville sur Saône le 15 avril 2011, Ephrem Musindi

J'ai l'honneur d'introduire un article de Leila Hauteclocq, nouvelle collaboratrice de Dephi'Monde :

- Pourquoi le commerce équitable existe ?

La notion de commerce équitable a vu le jour dans les années 1940, afin d’apporter un nouvel aspect au commerce international.
Le terme équitable fait sous-entendre que le commerce international « traditionnel » n’est a priori pas « équitable ».
Pourquoi ce commerce est-il plus juste et envers qui ?

- Des inégalités qui se creusent

Les inégalités des pays dits « du Nord » et du « Sud » ne datent pas d’hier (même si ce n’est pas l’objet de cet article,) les inégalités ont toujours existé (conféré Fernand Braudel, 1993, Civilisation matérielle, économie et capitalisme tome 1, Paris, Le Livre de Poche). Ces inégalités se sont creusées avec la mondialisation : les pays riches se sont enrichis alors que les pays pauvres (à distinguer des pays intermédiaires comme la Chine ou l’Inde) se sont davantage appauvris.

Il me semble primordial de rappeler qu’à l’heure ou j’écris cet article, qu’il y a encore 1 milliard de personnes qui souffrent de la faim dans le monde. Ce chiffre accablant est à mettre en parallèle avec ceux de l’OMC, qui a estimé qu’en 2008 le nombre de personnes en surpoids s’élevait à 1,5 milliard…

- Des aides contre-productives

Vous allez me dire que les pays riches ne sont pas insensibles à cette misère. En effet, les organisations économiques internationales telles que la Banque Mondiale (BM) ou le Fond Monétaire International (FMI) ainsi que les États proposent des aides qui s’avèrent être des prêts à taux réduits pour les pays en développement.

Cependant, ces aides (notamment ceux de la part des Etats et institutions) ne sont pas obtenues sans contrepartie. En effet, la réalité de notre monde fait qu’un don sans contre-don n’existe pas.

Les aides au développement (à distinguer des aides d’urgence) se révèlent être inefficaces voire néfastes pour les pays qui en bénéficient. Tout d’abord parce que les pays sont des agents rationnels, et comme tout Homo œconomicus qui se respecte, ils agissent toujours dans leur propre intérêt.

C’est pour cela que les aides se réduisent au pays présentant un intérêt géostratégique, commercial et économique.

L’affaire « Françafrique » illustre parfaitement mon propos. Ce scandale, causé par la mise sous tutelle des anciennes colonies africaines par la France pour des intérêts politiques et économiques montrent bien que l’aide n’est jamais innocente, elle peut être même illégale (conféré François-Xavier, 1998, La Françafrique : le plus long scandale de la République, Paris, Stock).
Ces aides ne sont d’autant pas plus efficaces qu’elles alimentent la corruption massive que ne contrôle pas les donneurs puisqu’ils se contentent de profiter des bénéfices obtenus grâce à leurs aides.

- Le Commerce International n’est pas équitable

Le rapport de force entre les pays du « Nord » et du « Sud » est évident : les échanges commerciaux traditionnels sont des actes néolibéraux qui profitent au pays dotés de l’information, du capital, des stratégies…

Oxfam International, 2002, Deux poids, deux mesures : commerce, globalisation et lutte contre la pauvreté p.312 :
« Le commerce international recèle un véritable paradoxe. Dans le monde globalisé du début du vingt-et-unième siècle, il représente l’une des forces les plus puissantes qui régissent nos vies. Il est également une source sans précédent de croissance des richesses. Cependant, des millions de personnes parmi les plus pauvres du monde sont laissées pour compte. La prospérité croissante des nations industrialisées est allée de pair avec une pauvreté massive et l’accroissement des inégalités entre pays riches et pays pauvres. Le commerce mondial peut devenir un puissant moteur de la diminution de la pauvreté et de la croissance économique, mais ce potentiel n’est pas mis à profit. Le problème n’est pas engendré par une opposition fondamentale aux besoins et aux intérêts des pays pauvres, mais les règles qui régissent les échanges sont faussées en faveur des pays riches ».

Au final, les gagnants de ce commerce ne sont ni les producteurs (mais ce ne sont pas non plus les consommateurs, ignorant souvent l’origine et le chemin parcourus par les biens qu’ils consomment), mais les distributeurs dont la marge sur le prix de vente est en moyenne 10 fois supérieur à celle du producteur.

- Naissance d’une réelle envie de rendre le monde plus juste

Le commerce équitable agit depuis les années 1950 pour favoriser les échanges commerciaux internationaux car ils constituent, comme l’explique le rapport d’Oxfam International Deux poids, deux mesures : commerce, globalisation et lutte contre la pauvreté un facteur évident de croissance. Mais le commerce équitable, à la différence du commerce traditionnel, comprend dans sa logique un aspect politique et éthique qui permet de rendre ces échanges plus justes en faveur des producteurs, agriculteurs ou artisans.

Dephi’Monde, créée depuis 2010, est une association qui soutient un projet de développement durable et de commerce équitable, initié six ans auparavant.

- Ses objectifs :
Rendre l’échange plus juste en faveur du producteur : verser aux producteurs du sud une meilleure rémunération pour qu’ils puissent vivre de leur production, en limitant « les marges » des intermédiaires.

Améliorer les conditions de travail : Nous avons en France des conditions de travail satisfaisantes par rapport à ceux des pays du Sud. Aidons les à s’équiper d’outils et de techniques afin d’améliorer leur destin. En rémunérant mieux les producteurs, le commerce équitable favorise l’investissement dans les facteurs de production.

Agir dans la transparence : Le prix de vente est justifié à travers toutes les étapes du processus importation et de distribution.

Favoriser l’égalité entre les sexes : Les femmes ne sont pas mises à l’écart ! Elles participent autant que les hommes à la construction d’un développement durable.
Améliorer la santé et l’éducation : redistribuer une partie des bénéfices pour financer les besoins locaux en termes de santé, de formation professionnelle et d’éducation. Agir pour la scolarisation des enfants est l’un des fondamentaux du commerce équitable. Nous veillons à ce que nos partenaires luttent contre le travail des enfants.
Respecter l'environnement : Le commerce équitable agit avec la conscience de réduire au maximum les coûts environnementaux.

Leila Hauteclocq.

Bibliographie

- Braudel, 1993, "Civilisation matérielle, économie et capitalisme" tome 1, Paris, Le Livre de Poche
- Diaz Pedregal, 2007, Le commerce équitable dans la France contemporaine, Paris, L’Harmattan
- François-Xavier, 1998, La Françafrique : le plus long scandale de la République, Paris, Stock

Site internet :

- LE MONDE, Un milliard de personnes ont faim dans le monde [En ligne].
- ORGANISATION MONIALE DE LA SANTE, Obésité et surpoids [En ligne].
- OXFAM, Deux poids, deux mesures. Commerce, globalisation, et lutte contre la pauvreté [En ligne, pdf, p312].

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